Dans les collines du Beaujolais, un petit sapin poussait timidement au milieu des rangées de vignes et des chênes centenaires. Entouré de ce paysage enchanteur, il rêvait de devenir grand, fort, et majestueux, comme les grands pins qu’il apercevait au loin, sur les hauteurs. Mais le temps semblait s’étirer interminablement pour lui, et son impatience grandissait à chaque saison.
Un jour d’hiver, alors que la neige recouvrait doucement les collines, le sapin entendit les rires des enfants du village voisin. Ils étaient venus chercher des branches de houx et de gui pour décorer leurs maisons. Le petit sapin les regardait de loin, souhaitant être choisi, emporté dans leurs bras joyeux, pour illuminer leur foyer de sa présence. Mais il était encore trop frêle, et les enfants passèrent leur chemin.
« Pourquoi dois-je attendre si longtemps pour devenir grand ? »
se plaignit-il au vent froid.
« Si seulement je pouvais être utile maintenant, tout de suite. »
Les jours passèrent, et la veille de Noël arriva
Le village de pierres dorées s’illuminait de lanternes suspendues aux fenêtres.
Une famille, venue des villes voisines pour célébrer les fêtes dans la maison de leurs aïeux, s’égara dans les chemins sinueux des vignes. Le vent hurlait, et la neige avait effacé toute trace de sentiers.
Voyant leur désarroi, le petit sapin décida qu’il devait agir. Il se redressa autant qu’il le pouvait et fit vibrer ses aiguilles pour attirer l’attention. Un enfant de la famille, fascinée par ce jeune arbre qui semblait scintiller dans la nuit enneigée, le remarqua.
« Regardez, un sapin ! » s’écria-t-il.
Les parents décidèrent de s’approcher et de s’abriter près du jeune arbre, protégé par les chênes et les rochers alentours.
La petite famille alluma une lanterne et suspendit une guirlande improvisée autour du sapin avec des rubans qu’ils avaient dans leurs sacs.
Le petit arbre se mit à briller, ses branches scintillant comme si elles portaient les étoiles du ciel. Les rires et la chaleur des cœurs réchauffèrent l’atmosphère glaciale. La famille trouva le courage de repartir à l’aube, en remerciant le petit sapin pour sa lumière et sa compagnie.
Les saisons passèrent, et le petit sapin grandit. Mais il n’oublia jamais cette nuit où, malgré sa petite taille, il avait été important. Il comprit qu’il n’était pas nécessaire d’être grand ou parfait pour illuminer la vie des autres.
Chaque hiver, les habitants du Beaujolais viennent rendre visite à ce sapin, devenu majestueux, qui trône fièrement au cœur des collines.
Ils décorent ses branches avec des lanternes et des rubans pour se souvenir que, parfois, même les plus petits gestes peuvent briller dans l’obscurité.
Inspiré d’un conte D’Andersen