Aujourd’hui, le patrimoine du Beaujolais nous emmène à la découverte du diable de Jarnioux, laissez moi vous conter cette histoire.
La Légende comme si vous y étiez
Au cœur des Pierres Dorées du Beaujolais, se niche le village pittoresque de Jarnioux. Si ses ruelles tranquilles et ses maisons anciennes respirent aujourd’hui le charme et la douceur de vivre, autrefois, une sombre histoire hantait ces lieux. Celle du Diable de Jarnioux, une légende qui valut aux habitants leur étrange surnom : les « chats ».
Louis Burgé, l’homme aux chats
L’histoire commence il y a de cela plusieurs siècles – à une époque où les croyances populaires régnaient dans les villages. On raconte qu’à Jarnioux, un homme à l’allure singulière, Louis Burgé, vivait reclus dans sa maison. Solitaire, il était entouré d’une étonnante cohorte de chats. Des dizaines, voire des centaines, selon les racontars de l’époque.
Les villageois, méfiants et suspicieux, commencèrent à murmurer. Était-il sorcier ? Élevait-il ses chats pour quelque sombre rituel ? On dit même qu’il les dévorait – un récit macabre que personne ne pouvait vérifier mais qui alimenta les rumeurs.
La malédiction de Jarnioux
Excédés par cet homme qu’ils considéraient comme une menace, certains habitants de Jarnioux prirent une décision fatale. Profitant d’une de ses absences, ils mirent le feu à sa maison, espérant ainsi se débarrasser de lui et de ses maudits chats une bonne fois pour toutes.
Mais à son retour, Louis Burgé découvrit son domaine en cendres. On raconte alors qu’il s’écria, de sa voix glaçante, une étrange malédiction :
« Puisque vous m’avez chassé, vous vivrez comme mes chats ! »
Dès lors, dit-on, les habitants de Jarnioux furent transformés en chats. Reclus et mendiants, ils durent revenir vers Louis Burgé pour obtenir leur pitance, implorant son pardon. Mais le mal était fait…
De la légende à la réalité
Aussi fascinante qu’elle soit, l’histoire du Diable de Jarnioux relève davantage du folklore que de la réalité historique. Alors, qu’en est-il vraiment ?
Aucune trace de Louis Burgé
Malgré les récits transmis oralement, aucune trace historique de Louis Burgé n’a été retrouvée dans les registres paroissiaux ou d’état civil de l’époque.
Une symbolique forte : la peur de l’étranger
Comme beaucoup de légendes rurales, celle de Jarnioux pourrait symboliser la méfiance envers les marginaux et les exclus. Les chats, souvent associés aux sorcières dans l’imaginaire collectif, représentent ici les villageois punis pour leur intolérance.
Un surnom qui perdure
Aujourd’hui encore, les habitants de Jarnioux portent le surnom affectueux de « chats », en référence à cette légende qui a traversé les siècles.
La Légende Réinventée
En 2015, les habitants de Jarnioux ont ranimé leur histoire en participant à la réalisation d’un court-métrage intitulé Bastet, du nom de la déesse égyptienne à tête de chat. Une manière moderne et collective de perpétuer ce pan du patrimoine oral beaujolais.
Et si, un jour, vous vous promenez dans les ruelles de Jarnioux… prêtez l’oreille. Peut-être entendrez-vous, au loin, le murmure des chats… ou celui d’une vieille malédiction oubliée.